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23 mars 2007 5 23 /03 /mars /2007 17:29
Les massifs du Haut-Atlas oriental sont en général bien arrosés et profitent d'importantes chutes de neige en période hivernale. Les eaux du flanc nord sont drainées par la Moulouya qui, tout le long de son parcours, arrose des périmètres agricoles dont principalement la plaine des Triffa avant de finir dans la Méditerranée. Sur les versants sud, les eaux sont collectées par trois oueds importants qui sont d'Ouest en Est le Ghériss, le Ziz et le Guir.

On peut y adjoindre à l'ouest le Todrha et le Ferkla qui viennent renforcer le Ghériss à l'aval et le Bouanane à l'est qui rejoint le Guir. Ces oueds coulent à l'intérieur d'une série de chaînons parallèles, sectionnés par des vallées profondes parfois pittoresques comme les gorges du Todrha, du Ghériss et du Ziz.
La vallée du Ziz, traversée par un axe routier principal a bénéficié d'un aménagement hydro-agricole important depuis la fin des années soixante et d'une infrastructure touristique conséquente et en pleine expansion. L'installation de structures administratives et militaires importantes et la mise en place d'équipements de services économiques et sociaux ont un effet plus que bénéfique sur l'essor de l'économie de cette vallée. Les villes d'Errachidia, d'Erfoud et de Rissani sont devenus des pôles économiques et touristiques relativement importants.
Les gorges du Todrha, desservies par une route goudronnée qui longe la vallée, jouissent d'une renommée touristique qui dépasse les frontières nationales. Grâce à elles, la région de Tinghir est devenue un pôle touristique prospère. À travers ces belles gorges, on peut rejoindre désormais les cimes d'Imilchil et la vallée du Ziz. Un circuit des extrêmes qui va des oasis du désert aux sommets enneigés du Haut-Atlas.
Quant à la vallée du Ghériss, située entre les deux, elle est restée dans son état primaire. On ignore jusqu'à l'existence de ses gorges qui, d'ailleurs, sont impossibles d'accès. La seule piste qui relie l'aval à l'amont date du temps du Protectorat. Cela fait des décennies qu'elle a été emportée par les crues et que les contacts et les échanges sont rompus entre les familles. Un début de son terrassement vient de voir le jour mais l'attente pèse toujours. Pourtant, c'est cette partie centrale du Haut-Atlas oriental qui est la plus arrosée. En témoignent les crues violentes, dévastatrices et fréquentes de l'oued Ghériss. Les parcelles de terre cultivables et les digues de dérivation sont constamment emportées; ce qui avait poussé les habitants à l'exode vers d'autres régions quand ils ne vont pas s'entasser dans les oasis de la partie en aval déjà en situation de surpopulation et de précarité. Les nomades qui, eux, transhumaient entre l'Adrar (montagne) et l'Amagha (plaine saharienne) sont ruinés par la sécheresse. Elle a décimé leurs troupeaux et livré des familles entières au déshonneur et à l'humiliation de la mendicité. Les statistiques publiées par le Haut Commissariat au Plan sur l'état de la pauvreté dans le royaume classent les communes de cette vallée en tête de liste des plus démunies.
Pourtant, la vallée renferme des potentialités naturelles importantes. D'abord un potentiel humain exceptionnel, forgé par la nature et l'histoire et réputé pour sa sobriété, son intégrité et son ardeur au travail. C'est grâce à ces qualités, à l'amour de sa terre et à la solidarité de ses fils, éparpillés à travers toutes les provinces du pays que cette vallée est restée en survie.
L'histoire récente, quoique occultée, nous en apprend sur la bravoure et le courage de ces tribus à travers la farouche résistance opposée à la pénétration coloniale et sur la célèbre bataille de Baddou, dernier bastion de la résistance de tout le Haut-Atlas marocain, qui ne s'est achevée, après maintes négociations, que le 29 août 1933.
Puis, il y a l'existence d'importantes ressources hydriques et de terres agricoles fertiles qui pourraient être un facteur de développement déterminant de la région si elle était mise en valeur. La mobilisation des eaux des sources existantes et celles de l'oued Ghériss permettrait une agriculture prospère et la production de richesses indéniables, en plus de la sécurisation des populations. La construction d'un barrage à l'amont de l'oued Ghériss mobilisera plus d'une centaine de millions de m3 par an, mettra fin aux catastrophes causées par les crues et contribuera au désenclavement d'une contrée oubliée. La pratique d'une agriculture productive et variée sera alors possible.
On pourra y pratiquer toutes sortes de spéculations : de l'arboriculture de qualité à la ph¦niciculture (production de dattes) en passant par une production animale diversifiée et pourquoi pas une agriculture biologique et des productions spécialisées (production de semences sélectionnées de pommes de terre, de betterave et autres). Il suffirait d'aménager les eaux et les voies d'accès pour intégrer la vallée du Ghériss dans son environnement géographique, économique et culturel l'Etat doit assumer cette charge et il n'est jamais trop tard de rendre justice à ses enfants.
Enfin il y a l'atout touristique. Le circuit Ziz-Todrha sans le Ghériss est incomplet. Ce dernier coule dans une vallée aux paysages et gorges variés et pittoresques. Le touriste y découvrira des vues merveilleuses de hameaux entourés de verdure, les fabuleuses gorges d'Amssed, la grande source bleue du même nom, les oasis verdoyantes et les casbahs du sud de la vallée avant de rejoindre le Tafilalet et les dunes de sable du désert. Un circuit touristique englobant les trois vallées, les montagnes de l'Atlas et les oasis du désert aura un avenir incontestable si les autorités compétentes l'intègrent dans une politique régionale d'aménagement du territoire.
En conclusion, j'estime que la vallée du Ghériss accuse un retard d'aménagement indéniable que les pouvoirs publics doivent rattraper, à commencer par l'édification d'un ouvrage de retenue et de stockage des eaux de l'oued Ghériss avec ses équipements annexes, la construction des voies d'accès et son désenclavement afin d'amorcer un début de son décollage économique et social. Cela permettra aussi à ses fils expatriés d'y revenir et d'y investir. Tous les observateurs et la population se demandent pourquoi laisse-t-on toutes ces centaines de millions de m3 se perdre dans les sables, alors que la contrée en a un besoin urgent.
Un contraste patent avec les discours officiels sur la politique de l'eau. Des commentateurs avancent que le pouvoir politique voulait punir cette région suite aux événements qu'elle avait connus en 1973. Si tel est le cas, il serait injuste et inacceptable de faire payer à des habitants innocents les actes et les erreurs des autres et dans lesquels ils n'avaient aucune responsabilité.
A ce titre, l'Etat marocain a un devoir de réparation à l'égard de cette partie du Royaume. Les responsables de la Région sont à l'occasion interpellés.
* Iingénieur agronome

Par Moha Oustouh

 

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